Et le climat social alors ?

Publié le par Fabienne Sartori

Et le climat social alors ?

A propos du livre « Le traumatisme du chômage : alerte sur la santé de cinq millions de personnes » de Michel Dubout. Editions de l’atelier, 2015.

Beaucoup vivent dans la crainte du réchauffement climatique. Je m’inquiète plutôt des vies endommagées, des dégâts invisibles qui de temps en temps font monter la température sociale, à l’instar des émeutes urbaines et des formes de délinquance diverses que les médias ne rattachent à aucune revendication de nature véritablement politique. Oui chaque jour, des espèces disparaissent. Chaque jour aussi, des personnes souffrent et disparaissent : des radars, du système d’aide, de la vie sociale… Quelquefois volontairement. Et les dégâts psychiques et physiques que vivent les humains, les chômeurs et leur famille, sont à mon sens aussi graves que les dégâts environnementaux. Si on invoque quelquefois les intérêts des générations futures, je ne sais ce que seront ces générations, laminées par les processus d’exclusion, le mépris social et le chacun pour soi.

Psychiatre, professeur de médecine légale et de droit de la santé, Michel Dubout décrit avec précision les mécanismes et les conséquences de la perte d’emploi : repli, perte d’estime de soi, fatigue engendrée par la précarité, conflits conjugaux, addictions et quelquefois suicide.

Le médecin ne se contente pas de dénoncer (le désintérêt des politiques et des médias, l’absence d’enquêtes et de suivi médical notamment), il formule également des propositions pour que le phénomène du chômage soit pris en compte dans les politiques de santé. Il propose de lutter contre les méfaits sanitaires du chômage par le biais d’une meilleure organisation de la prévention et du suivi des chômeurs, par une reconnaissance du préjudice d’anxiété (sur le modèle de ce qui existe pour les travailleurs de l’amiante), mais également de lutter contre le chômage, en considérant différemment la place de l’emploi dans la société. L’auteur n’est pas favorable à l’instauration d’un revenu minimum d’existence et imagine un nouveau contrat avec la société couvrant la durée de la vie du travailleur, qui bénéficierait ainsi d’un statut protecteur quels que soient les aléas de la vie économique. Il propose également de lutter contre le surendettement et le harcèlement qui en est la conséquence.

Enfin, Michel Dubout dénonce la mondialisation financière, la course au profit et la corruption qui mettent à mal les fondements de la société humaine et n’entraînent que la misère, la souffrance et le chaos.

Publié dans Livres

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