Emmanuel Todd à Montpellier

Publié le par Fabienne Sartori

Emmanuel Todd à Montpellier

Emmanuel Todd était l’invité de la journaliste de France 3 jeudi midi. La dame brune avait l’air un peu contrariée par la présence de cet invité récalcitrant. L’historien et démographe parlait de « Qui est Charlie ? Sociologie d'une crise religieuse (Seuil) et prenait courageusement à rebours les discours plan-plan de l’après 11 janvier. Chaque jour, la présentatrice reçoit des hip-hopers, des hipsters, des musicos bon chic bon genre, des chanteurs occitans ingénus et émouvants, des écrivains locaux gentillets, des organisateurs de spectacles branchés, plus souvent des hommes que des femmes d’ailleurs. Généralement, tout cela est très tranquille, très local. Mais là, on sentait qu’elle n’était pas vraiment à l’aise. Elle fait peut-être partie de ceux qui ont arboré le badge « Je suis Charlie », qui ont défilé, qui se sont émus de ce que certains n’adoptaient pas spontanément les discours du moment.

De quoi donner envie de se précipiter à la rencontre organisée par la librairie Sauramps à l’auditorium du Musée Fabre, le soir-même. D’emblée, Emmanuel Todd a déclaré qu’il a ressenti un sentiment d’extériorité, une non-adhésion qui risquait de le couper de son environnement. Son livre écrit en un mois, a créé la polémique. Pourtant, il a utilisé les techniques et les concepts de la sociologie classique : Durkheim, Weber. Il a travaillé avec un spécialiste des statistiques, pour que les calculs soient irréprochables.

Ses recherches l’ont conduit à forger de nouveaux concepts. Je retiendrai la notion de CMACZ : classe moyenne âgée catholique zombi, qui selon Emmanuel Todd ne représente que la moitié de la France, exclut les immigrés et les ouvriers, mais tient le pays. Après la déchristianisation (années 1960-1970), cette classe est en plein désarroi intellectuel et spirituel et se forge des nouvelles croyances (l’euro) et craint la montée de l’islamisme (en fait 5% de pratiquants). Elle ignore le grand gâchis d’une politique économique (calquée sur l’Allemagne, qui n’a pas la même démographie) et bousille l’avenir d’une partie de sa jeunesse. Cette classe moyenne éduquée inclut les personnes âgées. Même si elles ont de modestes revenus, elles font partie des CMACZ. Ayant connu les difficultés de l’après-guerre (pénuries), elles sont aujourd’hui bien loties grâce à la protection de l’État (retraites, système de santé, etc.)

Publié dans Livres

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