Toujours pas de visa pour Nîmes

Publié le par Fabienne Sartori

Toujours pas de visa pour Nîmes

Quand j’étais employée de librairie, des Nîmes sans visa de Christian Liger, j’en ai vendu des piles-des cartons-des palettes-des semi-remorques… Non, j’exagère. Quoique… C’était le must de la littérature nîmoise de l’époque. Le mot must est un mot de l’époque. Le must, c’était flirter avec un gars en sports-études, porter des santiags et un jean 501, et plein d’autres trucs dont je parlerai un jour. À la librairie, Nîmes sans visa - Portrait d’une ville partait comme des petits pains. On arrivait aussi à vendre la Pléiade au kilomètre pour meubler les WC des stars du showbiz ou les bureaux de PDG d’entreprises locales. Nîmes sans visa trônait dans la bibliothèque de toute bonne famille nîmoise qui se respectait. Depuis, la lecture n’est plus un signe de distinction sociale (Bourdieu) et les librairies bénéficient de subventions.

Quant à moi, je n’ai toujours pas de visa pour Nîmes, la ville pourtant sans visa. Nul n’est prophète en son pays. Librairies, salon de la bio, médiathèque et autres associations culturo-branchouilles : de mes pérégrinations je suis revenue bredouille. C’est sûr, me direz-vous, une fille qui parle des chantiers navals et des voyages autour du monde à bord des paquebots des Messageries maritimes, cela ne suscite aucune petite étincelle de désir (de lecture) dans la pupille de ses interlocuteurs, des gens attachés à la belle lumière languedocienne sur les majestueuses grosses pierres antiques, taillées par les Romains eux-mêmes, qui leur ont fait l’honneur de venir s’installer ici pour le plus grand bonheur des bistrotiers et des gens de l’Office de tourisme. Les Nîmois font le tour des principaux vénérables monuments – c’est pratique – en moins d’un après-midi. Ils sont très attachés - comme le croco- à leur palmier, à leurs banderilles, aux oreilles des toros… Et puis, les Romains et la mer, cela faisait peut-être deux ? … Peut-être était-il plus sûr d’embaucher des marins grecs ? Peut-être s’adonnaient-ils essentiellement au cabotage ? Cela ne les a pas empêchés de conquérir un Empire. Passons sur l’art de la navigation et soyons tenace.

Toujours pas de visa pour Nîmes

Publié dans Edito, Livres

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