Moi, Daniel Blake

Publié le par Fabienne Sartori

Il y a des gens qui ricanent. Des gens qui pensent que cela ne se passe qu’au Royaume Uni. Que ce Ken Loach est sombre. Que le cinéma militant… Que l’administration en France… Et bien non. L’administration en France est Kafkaïenne et cruelle quelquefois, comme au pays de la reine d’Angleterre. (Que pense-t-elle du film au fait ? Va-t-elle au cinéma ? ) Ici aussi, l’administration sait vous laisser poireauter sur des boîtes vocales interminables, décorées de bandes musicales pourries, pour des raisons diverses et variées, et vous laisser démêler seul les problèmes qu’elle a inventés. L’administration, par la voix de ses inoffensives secrétaires bien pomponnées, récite des leçons apprises, vous laisse parler dans le vide, vous raccroche au nez, met un temps infini à enregistrer et à traiter les dossiers, vous culpabilise et vous menace. Si tout allait pour le mieux en France, le taux de non recours à certaines prestations ne serait pas aussi important. Si les gens trouvaient de l’aide pour défendre leurs droits, il n’y aurait pas de jeunes qui mangent dans les poubelles, de mères célibataires expulsées à la veille de la trêve hivernale.   Malheureusement, beaucoup de Français moyens sont insensibles aux difficultés des citoyens précarisés et confrontés à l’absurdité bureaucratique. Ou font beaucoup d’efforts et de grimaces pour les minimiser. Ou vivent confortablement adossés à toute cette misère.

J’imagine qu’il peut y avoir, au sujet de ce film, des débats d’ordre cinématographique.  Je préfère demander aux ricaneurs :

"Et vous, savez-vous pratiquer un massage cardiaque efficace ? "

Café au Sémaphore à Nîmes

Café au Sémaphore à Nîmes

Publié dans Art

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