Narcisse

Publié le par Fabienne Sartori

Narcisse

À force de voir des selfies partout, on en oublierait presque la longue histoire de l’autoportrait. « Je m’aime tout le temps. » semble dire la vedette du foot, du show-business, et même l’homme et la femme de la rue. Rares étaient les personnes qui pouvaient se faire tirer le portrait avant l’invention de la photographie. Aujourd’hui, les images sont partout mais elles sont de plus en plus souvent dématérialisées. Les autoportraits nous renseignent sur la fascination de l’être humain pour son reflet, mais aussi sur son désir de laisser une trace lors de son passage sur terre. On pense à Nicolas Poussin et à Van Gogh, mais aussi à d’autres artistes, Sophie Calle et Christian Boltanski. Les portraits cubistes, chinois, ou inédits empruntent d’autres voies, moins académiques, moins réalistes. Écrivains et artistes cultivent l’autofiction. Tout récit n’est-il pas autobiographique ? Tout personnage n’est-il pas une fiction ? La mode du selfie agace quelquefois. À juste titre, certains sont réticents à leur propre mise en scène sur internet. L’accumulation d’informations concernant notre vie publique et privée par les robots n’est effectivement pas désintéressée. Mais l’exposition laisse entrevoir que la captation des images par les machines ne suffit pas à définir une réalité. Les artistes nous le rappellent. À chacun d’entre nous d’en tenir compte.

Exposition d’art contemporain Narcisse, le pouvoir de l’autoportrait à Perpignan du 27 juin au 27 septembre 2015 au centre d’art contemporain Walter Benjamin.

Publié dans Art

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