Un peu d'art ?

Publié le par Fabienne Sartori

"En grand format"
"En grand format"

Un peu d'art et de culture pour bien commencer la semaine ?

À Montolieu, village du livre dans l’Aude, un nouvel espace, La Coopérative accueille l’exposition « En grand format ». Il s’agit d’une partie de la collection de Cérès Franco : 1500 œuvres d’art. Originaire du Brésil, formée à New York et établie à Paris dans les années 1960, la collectionneuse et galeriste Cérès Franco a rassemblé les œuvres du XXème siècle parmi les plus joyeuses, colorées et singulières. C’est sa fille Dominique Polad-Hardouin qui a imaginé l’accrochage de l’exposition inaugurale destinée à mettre en valeur un fonds qui a mis un certain temps à trouver un lieu adéquat. (Le projet d’accueil de la collection par la ville de Carcassonne a échoué à l’occasion d’un changement de municipalité.)

À la Panacée (Montpellier), avec l’exposition His master’s voice il ne s’agit pas d’art mais de culture contemporaine, le plus souvent numérique et anglophone. Comme les techniques et la scénographie des installations sonores et visuelles sont celles de l’art contemporain, il y a dans cette porosité des frontières quelque chose d’intéressant à penser.

De mes visites à la Panacée, je retiens une impression de cacophonie. La Panacée propose des parcours fragmentés et polyphoniques : des bains intenses de lumière, de sons et d’images où chacun peut éprouver l’importance et l’urgence de retrouver sa voie, sa propre VOIX. Du coup, quel que soit le sujet privilégié par la Panacée, il déclenche toujours une « inspiration », ne serait-ce que par exaspération et besoin de retrouver la lumière.

Autour du patio de la Panacée : une enfilade de salles d’où émergent des sons qui débordent les uns sur les des autres. En circulant, on entend des phrases, des chants, des rumeurs. Il y a des écrans, des amplis, et des fils partout. Des textes et des livres à lire, des photocopies pour compléter et éclairer les textes, des médiateurs en plus au cas où… La Panacée est à l’image du monde d’aujourd’hui, débordant de discours, de significations. Au-dessus de la porte d’entrée de la Panacée, il est inscrit « Ministère des affaires sociales » et « Laboratoire national de la santé publique », des formulations que je suis apparemment la seule à trouver insolites. L’art contemporain et la culture numérique au secours de la santé ? Les artistes, créateurs viennent de l’Europe : Pologne, Croatie, etc. Il faudrait des après-midis entiers pour visionner des vidéos aux contenus plus documentaires que véritablement esthétiques. Une autre impression un peu troublante, celle de ne pas faire partie des publics de la Panacée : famille, ado, ou bobo à sac-à-dos.

Au FRAC Languedoc-Roussillon (Montpellier), une exposition bien plus reposante. La vidéo de Maïder Fortuné permet d’entre dans le tableau, d’aborder tous les composants de la peinture et les questions de l’histoire de l’art. Importance du cadre, de la lumière. Finesse de la mise au point photographique. Grain des choses, brillances, éclats, velours, légèreté des textures. Objets du quotidien devenus énigmatiques. Visages et corps des modèles humains dont on ne sait pas s’ils posent, attendent, ou vivent, tout simplement… Beauté et interrogation sur le réel dont on s’approche et s’éloigne. Idée de la distance. Trouver la bonne distance avec les objets et les êtres.

Quand a-t-on affaire à une véritable œuvre d’art ? Quand on n’a pas besoin de dossier de presse, quand on peut se passer d’un livret ou de la médiation. Quand on en sort un peu plus lucide et un peu plus serein.

Au FRAC

Au FRAC

La Panacée

La Panacée

Publié dans Art

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